La VIe Assemblée du Front de Résistance et de Lutte Pataxó s’est réunie à Monte Pascoal le 19 août dernier pour évaluer les problèmes suscités par l’insuffisance de terres, qui porte atteinte à la subsistance et à la culture de ce peuple.
L’histoire des Pataxó et de leur déracinement remonte à 1861, date à laquelle ce peuple et d’autres communautés indigènes ont été expulsés de leurs terres par le gouvernement de la province de Bahia et réunis en une seule localité.
Par la suite, les Pataxó ont réussi à occuper une zone de la forêt atlantique qui s’étendait entre le pied du mont Pascoal, le littoral, le fleuve Cariaba et le fleuve Corumbau. Ils ont trouvé refuge dans cette région, dénommée aujourd’hui Barra Velha, où ils ont réussi à rester relativement isolés.
Or, en 1961 le gouvernement fédéral a transformé les 22 500 hectares qu’ils occupaient traditionnellement en unités de conservation de ce qui est devenu désormais le Parc national du mont Pascoal. Les Pataxó en ont été violemment expulsés et, du jour au lendemain, ils ont été empêchés de circuler dans leur propre territoire.
Dans le numéro spécial du bulletin que nous avons consacré aux Pataxó en 2000, nous disions : « Le reste de la Mata Atlántica, autrefois si vaste, a continué d’être systématiquement détruit par des non-indigènes, tandis que les Pataxó étaient privés de tout droit sur leurs propres terres, celles-ci ayant été affectées, de force, à la préservation. Cette situation injuste ne pouvait pas durer ». En effet, le 19 août 1999, de nombreux indiens pataxó se sont réunis au pied de la montagne, ils ont déclaré que « le mont Pascoal appartient aux Pataxó » et ils ont repris leur territoire, pour « transformer ce que les autorités appellent Parc national du mont Pascoal en un parc indigène, territoire des Pataxó, pour le préserver et le récupérer ». En octobre de la même année, un représentant du WRM a visité le parc et proposé son appui aux Pataxó. Depuis, les Pataxó n’ont cessé de lutter pour que le gouvernement reconnaisse leurs droits.
À d’autres endroits de Bahia, d’autres communautés indigènes pataxó ont subi l’expulsion et luttent pour récupérer leurs terres ; c’est le cas des familles pataxó de la municipalité de Prado, et des Pataxó-Hã-Hã-Hãe de la région sud de l’État de Bahia, dont les territoires ancestraux s’étendent sur 53 000 hectares de terres autrefois densément boisées et actuellement illégalement occupées par des éleveurs et transformées en pâturages et en plantations de cacaoyers.
Harcelés par les tensions permanentes découlant du manque de terres, par les propositions de projets de « développement durable » qui ne font que provoquer des tensions et des conflits intérieurs, les Pataxó se sont réunis pour faire la déclaration suivante :
VIe ASSEMBLÉE DU FRONT DE RÉSISTANCE ET DE LUTTE PATAXÓ
Le territoire du mont Pascoal et le droit historique du peuple pataxó
Nous, membres du Front de Résistance et de Lutte Pataxó, nous nous sommes réunis les 17, 18 et 19 août 2007 en notre VIe Assemblée au mont Pascoal, coeur de notre territoire. A cette assemblée ont assisté les représentants des villages de Corumbauzinho, Tauá, Craveiro, Pequi, Tibá, Alegria Nova, Aldeia Nova do Monte Pascoal, Meio da Mata, Boca da Mata et Cassiana, ainsi que ceux de nos alliés Anaí, Cimi, Cese, Cepedes, Syndicat bancaire, CUT-Bahia et Fetag, de l’organisation indigène Apoinme et des communautés Coroa Vermelha, Tupinambá da Serra do Padeiro et Pataxó Hã Hã Hãe. Après avoir évalué la situation de notre territoire et les difficultés auxquelles nous nous heurtons par suite du manque de terres suffisantes pour garantir la durabilité, la mise en valeur et le renforcement de notre culture, nous déclarons et nous revendiquons ce qui suit :
1 – La démarcation immédiate de notre territoire en tant que zone continue, en respectant nos droits historiques. Nous avons décidé de lancer une campagne internationale pour la démarcation de notre territoire. Nous n’acceptons aucun genre de négociation dont l’objectif soit de réduire notre territoire, et nous dénonçons les poursuites et les accusations contre nos leaders qui luttent pour nos droits légitimes.
2 – Une politique spécifique qui garantisse la durabilité de nos communautés, ainsi que la sécurité alimentaire de notre peuple.
3 – La garantie d’une politique de santé qui respecte la diversité et la spécificité de notre peuple, comme prévu par la Constitution fédérale, avec des services médicaux et hospitaliers efficaces mais dans le respect des pratiques médicales traditionnelles.
4 – Une politique d’éducation spécifique, qui respecte notre réalité socioculturelle, avec construction d’écoles et équipements, matériels didactiques appropriés, formation de nos professeurs avec la participation des communautés à la définition d’une éducation différenciée, communautaire et de bonne qualité.
5 – La formulation immédiate d’une politique de logement et d’assainissement de base, en tant que droit de l’homme.
6 – Nous exigeons l’élimination de la monoculture de l’eucalyptus et de toute autre monoculture sur nos terres, et nous réaffirmons notre engagement avec la défense de l’environnement et l’autogestion de notre territoire.
Considérant la dure réalité que nous vivons depuis des années, en combattant les politiques de négation de notre identité et de nos droits sur notre territoire, la discrimination et l’exclusion sociale, nous affirmons que nous continuerons de résister à toutes les formes d’injustice contre notre peuple et contre les secteurs exploités et exclus de notre société tels que les quilombolas (afro-brésiliens), les travailleurs sans terre, les petits agriculteurs, les pêcheurs et d’autres. Nous exigeons que nos revendications soient prises en compte comme preuve de respect des droits que la constitution nous garantit.
Pour la justice et la démarcation de notre territoire unique du mont Pascoal : nous avancerons !
Monte Pascoal, le 19 août 2007