Le fonds Tropical Forest Forever (TFFF), une initiative présentée le 6 novembre dernier lors de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP30) à Belém, dans l'État du Pará (Brésil), fait face à une opposition croissante. À ce jour, plus de 200 organisations issues de 43 pays ont signé la déclaration « Disons STOP au TFFF maintenant ! », qui est toujours ouverte à la signature. Cette déclaration fait suite à plusieurs manifestes, lettres ouvertes et articles remettant en cause le TFFF qui ont été signés par des centaines d'organisations et de communautés à travers le monde(1).
La déclaration « Disons stop au TFFF maintenant ! » met en garde : loin de protéger les forêts et les communautés qui en dépendent, le TFFF ne fera qu’aggraver les crises et les injustices multiples actuelles – forestières et climatiques – en renforçant des schémas de destruction capitalistes, racistes, colonialistes et patriarcaux.
Elle souligne également qu'il sera impossible de soutenir la conservation des forêts au moyen d'une initiative qui s'inscrit dans le secteur même qui investit des millions dans des activités responsables de la déforestation : le secteur financier.
« La promesse du TFFF de s’attaquer à la déforestation tropicale à grande échelle est un leurre. Les initiatives de protection des forêts fondées sur le marché, créées dans les pays du Nord et pilotées par des banquiers ou d’autres acteurs, n'ont pas permis d’enrayer la déforestation. Rien n'indique que le TFFF et le TFIF feront mieux. Pire encore, le TFFF ferait passer les riches investisseurs qui profitent de la déforestation pour des défenseurs des forêts », dénonce la déclaration.
Le document souligne que le TFFF n'a pas été conçu pour s’attaquer aux causes de la déforestation, mais pour bénéficier aux investisseurs des marchés financiers, précisément ceux qui sont responsables de la déforestation. Le rapport « Banking on Biodiversity Collapse » (Miser sur l'effondrement de la biodiversité), publié récemment par la coalition Forest and Finance, montre qu'au cours des dix années qui ont suivi la signature de l'Accord de Paris, les banques ont investi plus de 429 milliards USD dans des matières premières associées à la destruction des forêts, telles que l'huile de palme, le soja, la viande et la cellulose. Des centaines de milliards supplémentaires sont investis dans de grands projets énergétiques et d'infrastructure destructeurs de forêts, via les marchés obligataires dans lesquels s’inscrit le TFFF. « Le TFFF est un piège de plus qui n’arrêtera pas la déforestation », alerte la déclaration.
Les organisations soulignent également que, au-delà des dommages que causera le TFFF, les 5 milliards USD de financements publics annoncés lors de son lancement restent très loin des 25 milliards USD espérés pour constituer un mécanisme de garantie publique contre les risques destiné à emprunter les 100 milliards USD de capitaux privés que le TFFF espère mobiliser.
La déclaration« Disons STOP au TFFF maintenant ! » est disponible en plusieurs langues et reste ouverte à la signature ici. Les organisations, mouvements et collectifs sont encourager à la lire, à la signer et à la diffuser largement.
Pour plus d'informations sur le TFFF, voir :
• Le TFFF : Un nouveau piège pour les populations et les forêts du Sud global
• Le butin d’un colonialisme qui perdure : le fonds Tropical Forest Forever
Contacts presse :
- Teresa Perez, Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales (WRM): teresap@wrm.org.uy (espagnol et portugais).
- Larry Lohmann, The Corner House: larrylohmann@gn.apc.org (anglais).
(1) Parmi les récentes lettres et articles de mouvements ayant exprimé leur opposition au TFFF figurent deux déclarations signées par des centaines d'organisations de la société civile, ainsi qu’un article du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) du Brésil :
- Manifesto in defense of territories and food sovereignty against nature markets
- NO to TFFF, YES to Forest Rights
- MST: TFFF: por que não devemos celebrar o colonialismo verde sobre nossas florestas?