Graines d’espoir
« Quelles sont les solutions face à la destruction des forêts ? » « Quelles sont les alternatives ? » Des questions de ce type sont souvent posées pour étouffer les éventuels débats qui pourraient conduire à trouver de vraies solutions à la déforestation et au chaos climatique. Pour aller de l’avant, il faut d’abord mettre fin aux attaques contre les populations forestières et leur mode de vie et apprendre à connaître leurs relations avec leurs territoires. Depuis des générations, les communautés dépendantes des forêts vivent dans et avec les forêts, et assurent leur protection.
Les populations autochtones Karen de Bang Kloi sont revenues sur leurs terres ancestrales, après des années de spoliation due à la création d'un parc national. Les communautés Karen se mobilisent en solidarité avec le droit des communautés de Bang Kloi à revenir sur leurs terres.
La plupart des gouvernements, des ONG et des sociétés privées favorisent l’augmentation des aires protégées et conservées partout sur la planète. Mais que signifie la conservation ?
L’économie féministe nous pousse à réfléchir sur l’actualisation des mécanismes de contrôle sans cesser d’affirmer la capacité de résistance et de reconstruction des corps en mouvement.
Le projet du secteur de la conservation de doubler la taille des aires protégées (AP) est censé être la solution à la perte de biodiversité, au changement climatique et maintenant même au COVID-19 ! Mais les aires protégées ne résolvent aucun de ces problèmes.
Quand la région de Chure a été déclarée Zone protégée, les droits de milliers de groupes forestiers communautaires ont été fragilisés. Ils continuent de résister malgré les violences généralisées et le projet accepté par le Fonds vert pour le climat.
Les autochtones Batwa, excédés par l’extrême pauvreté à la suite de leur expulsion afin d'établir le Parc National de Kahuzi Biega, a décidé de retourner dans leurs forêts ancestrales.
Les interdépendances des communautés, contrairement à ce qu’affirment les discours masculinistes de conquête, mettent en lumière les pratiques de conservation des communautés forestières. Et c’est dans ces interdépendances que l’on trouve les histoires des femmes.
Les autochtones Ngäbe-Buglé ont dû endurer la répression brutale pour contrer les assauts contre leur territoire : l’exploitation minière et les projets hydroélectriques dans leur comarca. Mais ils ont subi une autre attaque de la part d’ONG de conservation.
Les sociétés de plantation prétendent souvent que les populations locales détruisent les forêts. Selon elles, les plantations industrielles peuvent assurer une fourniture « durable » de bois pour leurs besoins énergétiques.
La lutte des femmes pour la pleine reconnaissance de leurs vies et de leurs territoires commence par empêcher du modèle d’extractivisme, mais elle doit aussi permettre aux femmes de prendre part aux processus décisionnels afin de renforcer le contrôle politique collectif.
Un point de vue féministe sur les communs révèle que l’accumulation s’oppose aux principes de base du partage et de la durabilité : bénéficier de l’abondance de la nature se fait en s’assurant que les besoins définissent l’étendue de l’extraction.
Le réseau d’organisations de femmes de Tirúa, au centre sud du Chili, déploie des stratégies pour maintenir la vie dans un territoire fragilisé par l’invasion massive de plantations d’arbres, une invasion que les politiques de l’État continuent d’encourager.